NOM BIEN CONNU DE LA CULTURE URBAINE, LE GRAFFEUR NANCÉEN VALER EXPOSE POUR LA PREMIÈRE FOIS À L’ABBAYE DES PRÉMONTRÉS DU 12 OCTOBRE AU 15 NOVEMBRE.
Photo: Alexandre Laversin
Lui c’est Valérian. Enfin plutôt Valer, son nom d’artiste. Il y a une vingtaine d’années, il découvre le monde du graffiti. « À cette époque, il y a l’émergence d’un mouvement hip-hop à Nancy. J’avais envie de connaître ce milieu et de tester. » Lui qui a toujours baigné dans l’univers de la bande-dessinée se passionne pour l’art urbain dès ses 16 ans. L’occasion pour lui de s’exprimer et, surtout, de le faire en extérieur. « Dans les années 90, c’était différent de maintenant. C’était un petit milieu, il n’y avait pas de notions de légal ou d’illégal. On avait la liberté de faire ce que l’on voulait ! » Complètement autodidacte, il découvre rapidement que le graffiti demande de la technicité. Au fur et à mesure des années, l’apprentissage des procédés et l’émulation entre graffeurs lui permettent de s’affranchir des codes et de trouver son style. Si bien qu’en 2002 il créé La Smala Crew, réunissant les meilleurs graffeurs de l’Est de la France. Cette aventure l’amène à parcourir les quatre coins de la France, mais aussi l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg : « C’était un crew avec plein d’amis, ça rassemblait les gens. On avait une démarche de graff-fresque avec une vraie recherche esthétique. »
Photo : Alexandre Laversin
Du mur à la toile
« Aujourd’hui les mentalités changent, un peu comme avec le tatouage. Les gens sont plus ouverts à l’art urbain, s’y intéressent, se demandent aussi comment on fait, parfois. » Le graffeur l’avoue : ce qu’il fait aujourd’hui était impensable il y a 15 ans. Entendez par-là des expositions comme sa première au Pavillon Poirel en 2017. Car après avoir habillé des murs pendant un certain temps, Valer découvre un nouveau support : la toile. Il commence alors son aventure en solo. « Le mur a cette particularité qu’il a une échelle infinie jusqu’à ce que tu t’arrêtes. Sur la toile, t’es cadré par un format. Aussi, le mur ne dure pas dans le temps, il peut être recouvert. La toile ne bouge pas, elle. »
Déjà rompu aux différentes techniques du graffiti, Valer reste fidèle aux origines du graff, le lettrage. Devenant au fil du temps un prétexte, l’écriture de son nom lui permet d’explorer les formes et les couleurs. Il sculpture la toile en passant de la 2D à la 3D grâce à des effets de peinture, des couleurs saturées… « Mon style reste dans les codes de l’ancienne génération avec le lettrage. Alors, les initiés reconnaissent directement mon nom, les autres ont du mal à le percevoir, mais c’est ça qui est intéressant ! »
Photo : Alexandre Laversin
Valer fait « Pschit »
À partir du 12 octobre, l’Abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson devient le nouveau terrain d’expression de Valer. « Un honneur » pour l’artiste qui n’aurait « jamais penser pouvoir exposer dans un lieu comme celui-ci. » Deux univers chargés d’histoire se rencontrent. L’ancien et l’actuel. Dans cette exposition inédite intitulée « Pschit », le graffeur a choisi deux thèmes : d’un côté il dévoile ses œuvres, ses toiles et ses sculptures comme cette bombe de peinture réalisée en collaboration avec la faïencerie Saint-Jean l’Aigle Émaux de Longwy complétée par une main moulée d’après celle de Valer, coulée à la fonderie d’art Athanor. Impressionnant !
« L’autre partie de l’exposition fait écho au 30e anniversaire de la Chute du Mur de Berlin. Un thème totalement d’actualité et forcément en rapport avec le graffiti. » Pour ce projet inédit « À bas les murs », Valer a collaboré avec 250 élèves et étudiants nancéens, de la maternelle à l’IUT. Après un travail d’immersion, ils ont réalisé plus d’une soixantaine de créations, allant du court-métrage aux poèmes. Suite à cela, Valer a transposé leur travail en une quinzaine de toiles qui seront exposées dans la salle Rosenkrantz. « Cet événement est une opportunité d’aider la nouvelle génération, qui n’a pas vécu cette période douloureuse de l’histoire, à maintenir ce souffle de liberté, qui la protégera peut-être de la tentation de voir ressurgir ce mur, tel un phénix, en Allemagne ou ailleurs. » Pauline Overney
Toute l’actualité de Valer est à retrouver sur valergraffiti.com
publireportage - Photos © kreativkolors, dr
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